L’idée que le bitcoin ( BTC ) constitue un rempart contre l’inflation est souvent avancée par ses partisans. Son offre limitée à 21 millions d’unités en ferait une alternative viable face aux monnaies fiduciaires sujettes aux politiques inflationnistes des banques centrales. Pourtant, son efficacité dépend fortement du contexte économique et de la géographie. Si dans des pays comme l'Argentine et la Turquie, il sert d’échappatoire face à la dévaluation monétaire, son rôle dans les économies développées reste sujet à débat.

Un actif comparé à l’or, mais plus volatile

Historiquement, les investisseurs ont privilégié l’or et l’immobilier pour se protéger de la montée des prix. Le bitcoin, souvent surnommé "l’or numérique", partage avec le métal précieux une rareté intrinsèque. Contrairement aux monnaies classiques, son protocole empêche toute impression monétaire excessive.

Depuis le début des années 2020, le bitcoin a largement surpassé les performances de l’or et du S&P 500, notamment en période de forte inflation . Pourtant, une corrélation croissante avec les marchés actions, en particulier le secteur technologique, met en cause son statut de couverture efficace contre l’inflation. En 2022, alors que l’inflation américaine atteignait un sommet en 40 ans, le bitcoin a perdu plus de 60 % de sa valeur, tandis que l’or restait stable.

Bitcoin : Un outil financier clé dans les pays à forte inflation

Si le rôle d'actif refuge du bitcoin est contesté dans les économies développées, il est bien plus tangible dans des régions où l’hyperinflation et les contrôles de capitaux limitent l’accès aux devises stables.

L’Argentine et la Turquie illustrent parfaitement cette dynamique. En Argentine, où la confiance dans le peso est quasi inexistante, près de 87 % des citoyens estiment que la cryptomonnaie peut améliorer leur indépendance financière. Le bitcoin et les stablecoins indexés sur le dollar permettent d’échapper aux restrictions monétaires et de protéger leur pouvoir d’achat. En Turquie, les volumes d’échanges en cryptomonnaies représentent 4,3 % du PIB, une proportion bien supérieure à celle de nombreux pays industrialisés.

L’efficacité de bitcoin comme rempart contre l’inflation semble donc fortement dépendante du cadre économique. Dans les économies développées, il apparaît davantage comme un actif spéculatif, fluctuant au gré des liquidités et de l’appétit pour le risque. Dans les pays à forte inflation et restrictions monétaires, il devient un outil financier essentiel, garantissant une forme de liberté économique.

Si le bitcoin a déjà prouvé son utilité dans certaines régions du monde, sa capacité à protéger durablement contre l’inflation reste incertaine, notamment face à des actifs plus stables comme l’or. Son avenir en tant que valeur refuge globale dépendra largement de son adoption et de sa régulation à l’échelle internationale.