La dette américaine vacille, faut-il s’inquiéter pour le Bitcoin ?

L’économie américaine fait face à une dynamique qui pourrait bouleverser les équilibres en place : la demande pour les bons du Trésor à long terme faiblit, mettant en question la solidité du dollar et alimente de nouvelles incertitudes économiques. Alors que la Réserve fédérale reste engagée dans une politique monétaire délicate et que l’inflation peine à ralentir, le bitcoin se retrouve à un carrefour stratégique. Historiquement perçu comme un actif spéculatif, il voit aujourd’hui son statut évoluer à mesure que certains États américains envisagent de l’intégrer dans leurs réserves. La question centrale est donc la suivante : le bitcoin va-t-il subir les effets de cette incertitude ou en profiter pour s’affirmer comme un refuge alternatif ?

La corrélation entre le dollar et le bitcoin : un jeu d’équilibres fragiles

Depuis plusieurs mois, le bitcoin évolue en corrélation avec l’indice du dollar américain (DXY). La chute de ce dernier, qui atteint son niveau le plus bas en 70 jours, a coïncidé avec une correction du S&P 500 et une incertitude croissante sur les marchés obligataires. Ainsi, « Les investisseurs commencent à s’interroger sur la viabilité du financement de la dette américaine à long terme », explique Scott Bessent, secrétaire au Trésor des États-Unis. Malgré une critique persistante à l’encontre de la politique de Janet Yellen sur la gestion de la dette, l’administration Trump maintient son approche prudente, et évite pour l’instant l’émission massive de dette à long terme.

Dans ce contexte, le bitcoin peine à conserver son élan haussier. Après une phase de forte croissance entre septembre 2024 et janvier 2025, il semble confronté à des résistances marquées. La faiblesse du dollar ne profite pas immédiatement à la crypto, car les investisseurs hésitent encore à lui accorder un statut de valeur refuge face aux incertitudes monétaires et fiscales. Certains analystes estiment toutefois que cette dynamique pourrait évoluer avec l’introduction croissante du bitcoin dans les stratégies macroéconomiques de plusieurs États américains.

Le bitcoin en passe de devenir un actif de réserve stratégique ?

Alors que l’incertitude économique pousse les investisseurs à chercher des alternatives aux obligations traditionnelles, plusieurs États américains commencent à modifier leur approche vis-à-vis du bitcoin. Le Montana Business and Labor Committee a adopté un projet de loi qui vise à inclure le bitcoin et les métaux précieux dans les réserves de l’État. Une initiative suivie par l’Utah, l’Arizona, le Texas et d’autres États, signale un changement profond dans la perception de cet actif.

Cette évolution s’insère dans un contexte macroéconomique troublé. De plus, certains observateurs redoutent que le gouvernement américain soit contraint d’adopter une politique budgétaire expansionniste pour relancer l’économie, notamment par l’émission de paiements directs aux ménages. Une telle décision pourrait renforcer l’attrait du bitcoin en tant que protection contre l’inflation, à l’image de l’or. « Les investisseurs doivent cesser de se focaliser uniquement sur le dollar et commencer à observer la manière dont les États abordent le bitcoin en tant que réserve d’actifs », souligne Aleš Michl, gouverneur de la Banque nationale tchèque.

Si le bitcoin traverse actuellement une période d’incertitude face aux fluctuations du marché obligataire, les tendances de fond indiquent un changement structurel dans son adoption institutionnelle. L’inclusion progressive du bitcoin dans les réserves étatiques et son rapprochement avec les métaux précieux marquent une nouvelle étape dans son intégration au sein du système économique global. Cependant, son évolution dépendra également de l’appétit des investisseurs institutionnels, en particulier à travers les flux de capitaux dans les ETF Bitcoin au comptant, qui ont enregistré des sorties nettes de 125 millions de dollars ces derniers jours. Loin d’être une simple alternative spéculative, le bitcoin se positionne de plus en plus comme un indicateur clé des tensions monétaires mondiales, un rôle qu’il pourrait assumer pleinement si la défiance envers le dollar venait à s’intensifier.