Alors que les États-Unis affrontent une dette nationale atteignant 35 000 milliards de dollars, certains envisagent des solutions innovantes comme l'intégration de bitcoin ( BTC ) dans les réserves stratégiques du pays. Si cette idée, promue par la sénatrice Cynthia Lummis, suscite de l'intérêt, des experts, dont Avik Roy, président de la Foundation for Research on Equal Opportunity, estiment qu'elle ne peut être une solution miracle.

Le rôle potentiel d’une réserve en bitcoin dans l’économie américaine

La sénatrice républicaine Cynthia Lummis , fervente défenseure de bitcoin, a introduit en juillet le Bitcoin Act, une proposition visant à faire acquérir au gouvernement des États-Unis un million de Bitcoin, soit environ 5 % de l’offre mondiale, avec un objectif de conservation sur 20 ans. Cette initiative repose sur l’idée que le bitcoin, grâce à son appréciation probable à long terme et sa nature décentralisée, pourrait offrir un soutien inédit aux finances publiques.

Selon Avik Roy, bien que séduisante, cette stratégie reste limitée face à l’ampleur des défis. Si le bitcoin venait à s’apprécier considérablement, les États-Unis pourraient effectivement utiliser cette réserve pour atténuer les tensions sur les marchés obligataires, où la confiance des investisseurs reste essentielle pour stabiliser le dollar. Roy explique que cette approche pourrait donner l’illusion d’une certaine robustesse financière, mais elle ne peut ni compenser les 2 000 milliards de dollars de déficit annuel, ni ralentir de manière significative l’explosion de la dette.

Cependant, il met en avant un avantage potentiel. Si le dollar était partiellement soutenu par une réserve de bitcoin, cela pourrait renforcer la confiance des investisseurs et stabiliser les marchés financiers. Ce scénario repose néanmoins sur deux conditions essentielles : que le bitcoin continue de gagner en valeur sur le long terme et que le gouvernement gère cette réserve de manière rigoureuse.

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Limites et risques d’une stratégie axée sur le bitcoin

Malgré ses promesses, le bitcoin ne peut être la solution unique pour une dette accumulée depuis des décennies, et plusieurs risques majeurs émergent d’une telle stratégie. L’histoire récente des États-Unis avec les réserves d’or illustre bien ces dangers. Dans les années 1970, l’or, autrefois colonne vertébrale de la finance mondiale, a vu ses réserves dilapidées pour soutenir la liquidité du dollar, ce qui a conduit à l’abandon du standard-or. Une stratégie similaire avec bitcoin pourrait affaiblir sa crédibilité comme actif de réserve si des pressions politiques venaient à en forcer la liquidation.

Un autre obstacle clé réside dans la volatilité du bitcoin, qui reste l’un de ses principaux traits distinctifs. Bien que son adoption et sa maturité aient réduit cette volatilité sur certaines périodes, le bitcoin reste un actif à haut risque. Si une crise majeure frappait le marché des cryptomonnaies, la réserve stratégique américaine pourrait perdre une part significative de sa valeur, ce qui pourrait bien exacerber les problèmes financiers plutôt que de les atténuer.

Roy insiste sur le fait que le problème fondamental reste structurel. Les déficits budgétaires chroniques et le manque de discipline fiscale sont les véritables coupables derrière l’endettement croissant des États-Unis. Sans réformes budgétaires profondes, même un actif performant comme le bitcoin ne peut qu’agir comme un palliatif temporaire.

En définitive, la proposition de Cynthia Lummis, bien que novatrice, met en lumière les limites d’un recours au bitcoin pour résoudre des problèmes systémiques. Si l’utilisation du bitcoin comme réserve stratégique pourrait offrir un certain soutien aux marchés financiers et inspirer confiance, cela ne remplacera pas des réformes budgétaires essentielles. Dans un contexte où la dette nationale continue de croître à un rythme soutenu, il est impératif que les solutions adoptées soient équilibrées, combinant innovation et rigueur économique.